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Madame Lemonnier


Madame Lemonnier, c’est un peu la muse d’un des fantômes de mon film, Le Chevreuil sans Tête. Dans la réalité, c’était tout simplement la femme de Monsieur Lemonnier.


Le couple possédait la pointerie quand Yves Manuguerra y est arrivé, dans les années 80, pour ne plus jamais en repartir.


Dans mon film, je prends des libertés. Je vais probablement changer les noms – par respect, peut-être. Ou parce que je n’ai besoin que de l’inspiration, pas de la vérité.


Est-ce que travailler avec des fantômes me rend superstitieuse ? Possible.


Je ne sais presque rien d’eux, et c’est très bien ainsi. Ça me laisse libre. Libre d’inventer, de construire ces figures du passé et de les laisser agir dans le présent de la pointerie.


On parle dans le village d’un triangle amoureux qui aurait mal tourné… Peut-être. Mais ce n’est pas le cœur du film.


J’habite à Bruxelles, juste en face du marché aux puces de la place du Jeu de Balle. Je vois ce théâtre d’objets tous les jours depuis ma fenêtre. Parfois, je filme. Peut-être qu’un jour j’en ferai quelque chose. Et souvent, je descends sur la place pour flâner, respirer, me laisser surprendre.


L’autre jour, je suis tombée sur un portrait. Un vrai coup de foudre. Je le voulais. J’ai négocié, et je l’ai eu à bon prix. De retour chez moi, je regarde au dos : une étiquette, un nom de femme. C’est un autoportrait à l’huile, daté de 1968.


Je cherche son nom sur internet. Je découvre qu’elle était l’épouse d’un colon hollandais. Et le paysage derrière elle ? Les volcans du Rwanda.


Je pourrais creuser encore, mais ce serait une autre histoire. Ce que je sais, c’est que j’ai un nouveau fantôme accroché au mur.

Au marché aux puces, les objets viennent souvent de vide-greniers, eux-mêmes occasionnés par des décès.


Bref, je l’ai accroché chez moi. Mais à chaque fois que je le regarde, un drôle de frisson me traverse.


Et puis, quelques jours plus tard, en plein travail d’écriture, le portrait s’est imposé dans une scène de mon film.


Il est maintenant sur le mur de la maison du fantôme principal – celui inspiré d’Yves Manuguerra. Ce portrait, c’est celui de Madame Lemonnier. Ou plutôt de son double fictionnel. Et ANGEL, mon personnage principal, en est fasciné. Il le contemple souvent.





























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