top of page

Les Anges de l'histoire.

Série de conférences de Georges Didi-Huberman sur YouTube

( voir ci-dessous)


Philosophe et historien de l’art français, Georges Didi-Huberman vient de publier aux éditions de Minuit un livre sur le même sujet.


En 1939 et 1940, Walter Benjamin, penseur antifasciste alors aux abois, écrivit, quelques mois avant son suicide, un texte capital pour notre pensée contemporaine : ses « thèses » – qui n’en sont pas vraiment – Sur le concept d’histoire.Au centre de ce texte se trouve la confrontation avec une simple image : la petite aquarelle de Paul Klee intitulée Angelus Novus. C’est l’allégorie d’un nouvel « ange de l’histoire ».


La découverte de Walter Benjamin et de son concept d’histoire a nourri l’écriture du scénario de mon prochain film, Le Chevreuil sans tête. Le scénario n’est bien sûr pas une illustration de ce concept, mais disons que son « image dialectique » – ce moment où l’Autrefois rencontre le Maintenant, dans un éclair, pour former une constellation – a été déterminante durant l’écriture. Comme une révélation, un cap à garder coûte que coûte.


C’est aussi pour cette raison que j’ai prénommé le personnage principal Angel.


Le hasard de mes lectures – ou le hasard tout court – me ramène souvent à Walter Benjamin. C’est à la fois étrange et amusant.Dernièrement, je suis tombée sur cette série de conférences. J’ai donc acheté le livre, que je suis en train de lire en ce moment, et c’est passionnant. Passionnant et terriblement actuel.


Le timing est parfait puisque je suis en pause d’écriture, après une version très aboutie du scénario. Je m’apprête à le relire dans une semaine ou deux, quand j’aurai plus ou moins oublié ce que j’ai écrit – une façon de prendre du recul et d’améliorer ce qui reste à améliorer avant de confronter le projet à d’éventuels collaborateurs.


Cette fois-ci, suite à mes expériences passées, je souhaite aller le plus loin possible dans la création du projet sur papier, afin d’éviter au maximum les réécritures inutiles.Ces réécritures peuvent dénaturer ou dévitaliser un projet.Quand on débute, le développement prend tellement de temps qu’on expose parfois trop tôt nos créations (ateliers, lecteurs, script doctors, commissions d’avis, échanges entre collaborateurs, etc.). Parfois, c’est pour un mieux, mais pas toujours.Le risque est grand de se noyer dans un océan de retours pas toujours bienveillants, contradictoires ou trop subjectifs.On s’y perd. Le scénario s’y perd. On ne sait plus très bien, nous-mêmes, où on voulait en venir au départ.C’est un risque dont il faut être conscient.


J’ai remarqué un autre danger pour la création : à force de viser la perfection et de vouloir contenter tout le monde, on obtient quelque chose de trop prévisible. Plus rien ne nous surprend, un sentiment de déjà-vu s’installe.Alors vive l’imperfection !


Un script n’est pas le film. La chair du film, sa singularité, se trouve dans sa réalisation, dans la convergence des milliers de choix que fait le cinéaste au moment de tourner.Là est le cinéma — pas dans l’exécution à la lettre d’un scénario.Ce qui ne veut pas dire que ce dernier doit être médiocre ou mal ficelé. Au contraire, il doit être le plus authentique possible.


Un script, ça se protège. Il y a un autre avantage à procéder ainsi : quand on le présente à un producteur, c’est oui ou non.C’est j’aime ou je n’aime pas. Et non j’aime, mais ceci ou cela. On gagne ainsi du temps, et on trouve plus vite la bonne personne pour le projet.


Et puis, si aucun des producteurs choisis n’accroche, la question à se poser avant de galérer indéfiniment et de s'abîmer est toute simple :

Ce film doit-il se faire ou pas ?


Il faut être prêt à renoncer à un projet de cinéma, aussi cher soit-il à notre cœur. Le mettre dans un tiroir pour le ressortir plus tard… ou en faire tout simplement autre chose.







Angelus Novus. Aquarelle de Paul Klee, 1920
Angelus Novus. Aquarelle de Paul Klee, 1920

 
 
 

Commentaires


bottom of page